Carnet de route
LE VERTIGE DES CIMES… LA PREUVE PAR 4 (ascensions)
Le 06/09/2022 par Anne -Laure
- Alors Anne-Laure, je ne t’en ai pas encore parlé mais comme tu es la petite nouvelle du groupe, tu as le grand privilège de faire le carnet de route de notre sortie !
- Euh ok Denis, ça consiste en quoi au juste ? »
Bon déjà que j’en mène pas large quand j’entends raconter les exploits de mes 6 co-équipiers (ils ont gravi tous les sommets pyrénéens ou quoi ?!), va falloir en plus que je me concentre pour ne rien oublier du week-end… Mais bon, ils vont peut-être changer d’avis quand ils verront que j’ai le vertige et que je risque de déclarer forfait rapidement.
C’est qu’au départ, j’étais plutôt sereine en écoutant mon amoureux (Christophe, le savoyard du CAF rochelais qui collectionne AUSSI les sommets des Alpes) me dire que c’est une sortie découverte, sans rien d’aérien et « cool » … J’aurais dû me méfier.
Le vertige, parlons-en ! Il m’est tombé dessus il y a quelques années. J’ai bien épluché tous les derniers carnets de route, personne n’en parle justement… Alors soit c’est un sujet tabou, soit faut être totalement maso pour aller faire une sortie CAF quand on l’a. Ok, j’opte pour la seconde solution mais je veux bien ouvrir le débat ??. Perso, je ne comprends toujours pas comment ça marche et pourquoi ça se déclenche… ou pas.
Allez, je vous raconte :
- 1er jour RAS, zéro vertige. Bon d’accord, on n’a pas fait de sommet, ça aide !
Arrivés sur le parking à côté du barrage du lac de Cap Le Long, nous voilà parti de bon pied pour aller bivouaquer près du lac de Bugarret. Au bout d’une heure, nous empruntons le couloir bien raide qui mène au col de la Hourquette de Bugarret… Histoire de se mettre en jambes.
En route, on tombe sur 2 pécheurs du coin, archi chargés, qui viennent de se faire peur en se trompant de route, obligés de remonter par une voie très périlleuse. Le plus jeune veut absolument nous montrer la vidéo de leurs exploits (bon ils n’étaient visiblement pas encore en mode mayday pour prendre le smartphone) et ils nous racontent qu’ils ont trouvé un sac à dos, au plein milieu de la paroi hyper risquée, avec papiers et téléphone. « Bah, on a tout remis et on est parti. C’est à un gars de chez nous apparemment » -avé l’accent- nous dit le vieux. On reste un peu pantois (euh ils ont bien regardé en contrebas ?!).
On se renseigne sur leur destination, histoire de profiter d’une ou deux truites, dès fois qu’ils fassent une pêche miraculeuse. « Lac de Crabounouse ». Mais c’est génial ça, allez rdv demain pour le festin !
On installe notre campement au bord du lac et profitons chacun de nos victuailles (c’est là que tu te rends compte qu’il ne faut décidément pas écouter un savoyard rochelais dans les Pyrénées qui te dit qu’on a « laaargement » de quoi tenir tout le week-end avec nos 4 sachets lyophilisés !).
Fermeture des écoutilles à 21h00 (ouah ça fait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé !).
- 2eme jour, pas de vertige… et pourtant y’aurait eu moyen !
On laisse une partie de nos paquetages en bas pour partir léger faire l’ascension du pic de Crabounouse. Pas de cairns visibles au départ… on y va au feeling. Ça passe, c’est le principal. Quelques relevés en route quand même pour s’assurer qu’on va dans la bonne direction. L’arrivée en haut du pic se fait sans problème. Même pas peur ! J’en profite pour bien regarder le paysage et le panorama est superbe sous un soleil radieux (vue magique sur le massif de Gavarnie). Fabien, notre expert faune-flore, est aux anges (et nous aussi) en voyant une « pompe » de Milans noirs suivis de près par les Eperviers … qui rejoignent l’Afrique en profitant des vents ascendants.
« Allez, si on allait sur le pic de Bugarret juste à côté ? ». Bon ok, je vois bien que c’est plus aérien mais faut tenter ! Et là, rien, nada, que chi, même pas une once de vertige. « Mais si ça se trouve je ne l’ai plus ?!!! » me dis-je intérieurement…
On redescend au bivouac (on aperçoit nos 2 pécheurs en contrebas près du Lac Tourat), on reprend nos sacs, et retour au lac de Cap Le Long par le col de La Hourquette (ouah pas facile de reprendre l’ascension avec du poids après une bonne journée de marche !).
En arrivant, Marie (qui ne peut pas passer près d’un lac sans se baigner quel que soit le temps ou la température !) se jette tête la première dans l’eau pour rejoindre une petite ile découverte à quelques mètres de la berge, rapidement rattrapée par Denis, Fabien et Christian. Je me la joue frileuse avec un toilettage réglementaire…
- 3ème jour, ça se complique…
Changement de programme évoqué la veille. « Et si on faisait le Campbiel ? 1200 m de dénivelé. En se levant à 6h30, le temps de redescendre et reprendre la route vers le parking, on devrait être au camion à 16h00. »
Bon moi, ça me va, et vu que j’ai pu le vertige, je ne pose pas de questions … « finger in the noze » !
Allez c’est parti. Pierres, rochers, lacs, roches multicolores, la balade nous offre un contraste de paysages superbes… le Campbieil apparait du haut de ses 3200 mètres. Je distingue bien le chemin qui monte jusqu’au sommet et ce passage le long de la crète avant d’arriver. Oui et alors ? Je ne vois pas le problème !
On commence à grimper. « Euh, c’est raide là ? pis bien dégagé aussi, c’est quoi cette caillasse qui ne tient pas en place ? ». Je commence à me sentir fébrile, je ralentis le pas, qui est progressivement moins sûr, j’essaie d’avoir des idées positives. Rien n’y fait, le vertige est là et il n’a pas l’intention de me lâcher. ÇA M’ENERVE !!! Et les larmes commencent à couler sans que je puisse les retenir… Objectivement, y’a pas beaucoup de risque, je le sais mais je ne peux rien faire pour changer la donne. Christophe s’arme d’une patience exemplaire et propose de me passer une sangle pour qu’on continue à avancer. Et petit à petit, je chemine avec lui jusqu’au sommet. Je ne sais pas combien de temps ça a pris, mais je suis contente d’y être arrivée. La vue était certainement incroyable mais j’avoue que je regarderai les photos pour apprécier !
Merci à Marie, Denis, Christophe, Fabien, Christian et Dominique pour ce chouette moment de partage (et de bienveillance à mon égard lors de cette dernière ascension). C’était top au final !
Et si quelqu’un a l’adresse d’un bon hypnotiseur, je suis preneuse ??





