Carnet de route
Le temps d'un bivouac, j'irai dormir chez Roland
Le 28/03/2024 par Anne et Gabriel
Partira, partira pas, partira ailleurs... en ces temps tourmentés où la météo joue avec nos nerfs, pas facile pour les initiateurs du club...
Mardi soir :
A - T'as jeté un œil à la météo pour le week-end ? Ca se refroidit. Pluie et neige tout le week-end.
S - Ouais, c'est plié. Y'a plus qu'à annuler.
A - Je fais le mail demain matin.
Mercredi matin :
S - Dis donc c'est pas si cata qu'hier, c'est en train de se mettre au beau
A - Ca pourrait peut être le faire. Ben on attend ce soir et on se décide
Mercredi soir :
S - C'est tout bon, tu fais le mail pour l'organisation, je réserve le refuge pour 5.
A - Ok couloir au Barrasé le samedi et Tuhou le dimanche en ski... c'est parti !
Jeudi matin :
S - Le refuge est blindé, plus une place
A - Tant pis, on fait le couloir le samedi et on reviens dans la vallée le soir. On trouvera autre chose à faire pour le dimanche
Jeudi midi :
S - T'as vu le retour d'hier sur C2C, le couloir est pas en condition, fait trop chaud.
A - C'est trop bête, il va faire super beau, on va quand même pas rester à La Rochelle. On pourrait au moins aller faire du ski
JY - C'est vrai que la météo est top...même pas froid... y'a bien le Taillon ... avec un bivouac à la Brèche de Roland....
S - Allez go, j'envoie un sms aux autres.
Toute cette organisation semble assez artisanale mais rassurons nous, l'IA va mettre un peu d'ordre dans tout ça. Bientôt, en 2 mots et 3 clicks on aura un programme au petit oignons avec la liste du matos à emporter (ça évitera d'oublier son pantalon !), l'épaisseur du duvet compte tenu de l'âge et du sexe des participants, le temps de cuissons des pâtes en fonction de l'altitude du bivouac et puis tant qu'on y est, un carnet de route au retour...
Samedi matin aux aurores, un peu avant 10h donc, départ des Espècières ski au pied dans une ambiance de kermesse, la station ayant été privatisée. On croise 2 angoumoisins qui prévoient de faire le Taillon par le Gabiétous pour ensuite redescendre dormir au refuge...on devrait se recroiser dans la journée. La brume se dissipe rapidement, le soleil pointe, déjà bien chaud, et la neige qui n'a pas dû vivre un regel nocturne de la semaine s'abandonne à la liquéfaction... et nous à la sudation.
Après le port de Boucharo, changement d'ambiance. On se retrouve rapidement à l'ombre dans une looooongue traversée glacée et déversante à l'issue de laquelle la jambe droite perd en longueur ce qu'elle gagne en diamètre...vivement le retour que la gauche subisse le même sort...
Passage par le refuge des Sarradets où on croise un groupe du CAF des Sèvres. Décidemment, c'est l'invasion pictocharentaise au Taillon ce week-end ! Pas emballés par les nouveaux aménagements de la partie hivernale qui en plus affiche complet pour ce soir, on rechausse, direction la brèche, convaincus qu'on sera mieux là-haut.
Après deux passages en glace "à la con", comme diraient les Anglais avec l'accent, nous arrivons à la brèche de Roland nous ouvrant une magnifique vue sur le côté espagnol avec le cirque d'Ordessa.
À peine arrivés, on jette la bâche de 60m² (à vue de nez) de Sylvain, les couvertures de survie, les matelas par-dessus et on fait ronfler les réchauds pour faire fondre la neige. Bon là, on se dit qu'une cartouche et demi c'est peut-être un peu juste donc on débat sur la façon la plus efficace de faire fondre de la neige tout en se faisant caillasser par les locaux (maudit Choucas !).
Et c'est le ventre plein (pour presque tout le monde), après nous être délectés du jus de cuisson des pâtes en guise de tisane et bien fatigués par la journée qu'on se saucissonne dans les duvets en regardant les dernières lueurs disparaître à l'horizon... Rah, on en oublierait presque que la pleine lune a mis les pleins phares sur la vallée toute la nuit... Vous avez déjà dormi sous un lampadaire ?
Malgré tout, c'est une superbe nuit qui s'offre à nous, un ciel sans nuages nous laisse profiter d'Orion, de Vénus, des avions et des satellites de l'URSS venus nous espionner...et des 2 angoumoisins descendant du Taillon de nuit pour rejoindre le refuge. Quelques coups de vent nous rappellent à l'ordre quand on est sur le point de s'endormir (visiblement ça n'a pas dérangé tout le monde). On pourra attaquer le Taillon par sa face sud, reposé et ravi de cette magnifique nuit.
La glace commence à tomber de la brèche, ça sonne la levée de camp et le départ. Sylvain aura tout de même droit à un morceau de glace sur la tête. On laisse les matelas et duvet sachant qu'on repassera par là au retour.
Tout est gelé, les couteaux sont indispensables. On alterne entre le feu du soleil et le froid de bourrasques glacées. Le sommet offre une vue splendide sur les environs. On pense distinguer le Vignemale. Le temps de dépeauter et de prendre une photo et on repart. Manu en tête, suivi de près par Sylvain, nous autres chaussons un peu plus bas dans l'espoir d'éviter une neige trop croûtée... sans succès. Les premiers virages sont rudes mais une fois passée la neige se ramollit et offre une belle pente permettant de beaux virages... un régal !
Retour au camp, paquetage et on repart à la brèche où on rechausse pour un "passage à la con" (toujours avec l'accent) bien verglacé. Tout le monde passe avec plus ou moins d'aisance et là c'est direct au col des Sarradets en passant par le refuge du même nom. Pause pique-nique en regardant des alpinistes indécis dans un couloir qui ne nous semble pas anodin. Bref on fait nos commères. C'est tout droit jusqu'à la station de Gavarnie en contournant le passage en glace qui avait donné du ski à retordre à la montée puis tout schuss dans la station jusqu'au dernier mètre de neige vers la voiture.
