Carnet de route

Il pleuvait ce week-end sur les Pyrénées, nous avons donc changé notre programme au dernier moment : direction le Massif Central, au pied du Sancy, à la Dent de la Rancune dans la vallée de Chaudefour. La météo annonçait quelques nuages le samedi et grand beau temps le dimanche.

Finalement nous nous sommes réveillés dans la purée de poix et nous avons eu toutes les peines du monde à trouver la Dent. Normalement on ne voit qu'elle au milieu de la vallée. Mais cette fois-ci toutes les indications du topo étaient clairement inadaptées, par exemple : "prendre à droite au grand hêtre qui trône à cet endroit ". De notre point de vue embrumé il y avait beaucoup de hêtres qui "trônaient à cet endroit".

Une fois arrivés tant bien que mal à la Dent après quelques détours, nous avons décidé de faire une petite voie facile d'une longueur pour nous familiariser avec le rocher. Le topo étant erroné (nous reviendrons régulièrement sur ce sujet) et croyant attaquer une 5c, nous sommes habilement partis dans une 6b+, qui de surcroît commençait à être bien mouillée. Une fois cette mise en jambe terminée il fallut se rendre à l'évidence : ce n'était pas seulement du brouillard, mais belle et bien de la pluie qui nous tombait dessus.

Changeant nos plans nous sommes allés nous abriter sous la face nord surplombante. A force de ronger notre frein en attendant la fin de la pluie nous avons finalement attaqué la seule voie "abordable" de cette face : "Rêve de singe". Après un premier mur déversant bien teigneux sur grattons, la suite de la première longueur en 6c déroulait bien, avec de bons bacs dans un fort dévers. La deuxième longueur, cotée 7a, démarrait par une traversée bien délicate, puis un mur physique avant de devenir plus facile. Il nous fallut plusieurs pauses pour en venir à bout. Les deux longueurs suivantes étaient magnifiques sur le fil de l’éperon nord-est, mais comme le haut n’était plus déversant, elles étaient de plus en plus trempées. Mais une fois arrivés au sommet le miracle est survenu : les nuages se sont levés et nous avons pu voir plus loin que le bout de notre nez. Cela nous a tout de suite motivés pour redescendre sans trainer pour attaquer une deuxième voie.

Nous voilà partis dans « Bobo » à 17h30. La première longueur, théoriquement en 5c+ avec un pas en 6b, est bien dalleuse et finalement pas si simple. La deuxième longueur déroule mieux et débouche sur une large vire qui permet d’admirer la dernière longueur : une grande cheminée, large dans le bas et qui se termine en simple fissure. Elle se remonte très bien, d’abord dedans, puis sur le côté et la longueur se poursuit avec de grands et jolis mouvements.

Finalement nous avons juste le temps de descendre et arrivons à la voiture à la tombée de la nuit.

Nous passons la soirée avec deux grimpeurs parisiens sympathiques qui campent eux aussi sur place.

Le lendemain matin nous trouvons la dent toujours au milieu de la vallée, mais cette fois le soleil a attiré de nombreux grimpeurs. Heureusement personne n’est intéressé par notre voie « Aux larmes etc… », nous nous demandons si c’est bon signe… La première longueur est théoriquement 6a d’après notre topo. En fait c’est une dalle très fine et un gros 6b ne nous aurait pas choqués. La deuxième longueur nous réserve une étrange surprise : une belle traversée en 6b+ dans la mousse ! Oui, oui c’est bien ça, de la grosse mousse verte qui remplissait les rares mini réglettes, le tout sur des micros pieds. Original… La fin de cette longueur était plus intéressante dans un bombé exigeant pour les pieds. La dernière longueur quant à elle était tout simplement magnifique : un premier mur difficile, suivi d’une section fine mais moins physique, avant de terminer difficilement sous un surplomb que l’on contourne. La ligne est magnifique mais nous sommes bien rincés et finalement après avoir pique-niqué au sommet nous ne faisons qu’une dernière belle et grande longueur avant de nous rentrer à La Rochelle, où nous apprendrons que la météo, surtout le samedi, fut plus qu’estivale….